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L'avenue Simon Bolivar, par Pierre Grammat

Publié le 18/01/2012

L’avenue Simon-Bolivar.

 

Le 17 mai 1863 le corps expéditionnaire français dépêché par Napoléon III, suite au refus du

Mexique d’honorer sa dette à l’égard de la France, parvient enfin à conquérir la ville de

Puebla, lui ouvrant la voie de Mexico et le succès de l’aventure mexicaine, hélas pour quatre

petites années seulement. Mais à Paris, cette victoire connaît un fort retentissement, toute la

capitale vit à l’heure mexicaine ; et quand il s’agit de baptiser une rue tracée dans les tout

nouveaux quartiers de Paris annexés pour former huit arrondissements supplémentaires, il

semble naturel de célébrer l’événement en la nommant « rue de Puebla ». Une voie

particulièrement longue puisqu’elle se constituait des actuelles rue des Pyrénées, avenue

Simon Bolivar et partie de l’avenue Secrétan.

La faute à Badinguet.

Mais la défaite de Sedan et la chute du Second Empire allaient donner naissance à la IIIe

République, et l’expression libertaire se dut d’être chantée sur tous les tons ; dans la vie

quotidienne des Français bien sûr, mais aussi dans la reconnaissance des mouvements de

libération internationaux. Il était temps de rebaptiser la rue de Puebla, évocatrice d’une

victoire de l’Homme du 2 décembre, ce que les Républicains de Paris s’empressèrent

d’accomplir en honorant le libérateur de l’Amérique latine, Simon Bolivar.

Puis, ce fut en avril 1927 que la rue Bolivar fut transformée en avenue Simon Bolivar, ne

suivant pas en cela le précepte qui veut qu’une avenue mène quelque part, à un monument, à

une place, ce qui n’est pas le cas en l’occurrence puisqu’elle se prolonge d’un côté par

l’avenue Secrétan et de l’autre par la rue des Pyrénées.

Né à Caracas en 1783 d’une famille espagnole aristocratique implantée en Amérique depuis

plusieurs générations, Simon Bolivar poursuit de brillantes études, montrant un réel intérêt

pour les philosophes des Lumières français. Ayant perdu jeune ses parents, il entreprend de

nombreux voyages en Europe, en Espagne et en France notamment. Il se marie à Madrid, perd

sa jeune épouse un an plus tard, s’installe à Paris, forge son esprit politique. Et s’engage dans

le mouvement d’indépendance des colonies espagnoles en Amérique du sud.

Rapidement, il connaît de brillants succès diplomatiques mais aussi militaires qui lui vaudront

le surnom de Libertador. Mais cette lutte pour l’indépendance subit également de nombreux

revers, certainement dus au manque de cohésion des peuples, le conduisant à l’exil à plusieurs

reprises. Il n’abandonne pas le combat pour autant, affronte le loyaliste général Pablo Morillo,

libère la Guyane, prône l’abolition de l’esclavage, part au secours de toutes les nations qui

sollicitent son aide. Participant ainsi, directement ou indirectement, à l’indépendance de la

Colombie, d’Equateur, du Pérou, du Venezuela, et de la Bolivie qui prend ce nom pour

honorer son libérateur. Une décolonisation qui continue pourtant d’agiter le continent mais

Simon Bolivar meurt, épuisé par des décennies de lutte acharnée, le 17 décembre 1830 en

Colombie.

 

C’est aussi un chapeau.

Mais la popularité du Libertador en France n’était pas récente puisque dès les année 1820, on

affichait publiquement son soutien aux libéraux en arborant un chapeau haut de forme, à

larges rebords, connu sous le nom de bolivar. On ne sait si ce fut parce que ce chapeau

ressemblait peu ou prou à celui porté par le libérateur lors de son entrée triomphale à Bogota

en juin 1819 ou parce qu’une pièce de théâtre, la même année, intitulée Les Bolivars et les

Morillos ou Les Amours de Belleville, jouée au Théâtre des Variétés à Paris, rencontra un vif

succès, les acteurs partisans des deux militaires (Simon Bolivar le Libertador et Pablo

Morillo, le Pacificador) se distinguant par la forme de leurs chapeaux. Ce que confirme par

ailleurs Victor Hugo dans Les Misérables : « C'était le temps de la lutte des républiques de

l'Amérique méridionale contre le roi d'Espagne, de Bolivar contre Morillo. Les chapeaux à

petits bords étaient royalistes et se nommaient des morillos; les libéraux portaient des

chapeaux à larges bords qui s'appelaient des bolivars. »

Quoiqu’il en soit, le bolivar devint à la mode dans les rues parisiennes au point que le naïf

monsieur Fenouillard, en visite à Paris avec ses deux nigaudes, ne s’étonne plus du prix

exorbitant réclamé par un marchand de chapeaux à la sauvette quand il apprend qu’il est

l’authentique couvre-chef du libérateur sud-américain !

 

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